Les premières traces de constructions de prison remontent à 1000 ans avant J.C., en Mésopotamie et en Égypte. Contrairement aux maisons et aux écoles, les prisons ne sont jamais (ou rarement) synonymes de bons souvenirs ou de quelconque trace de bonheur. Leurs murs renferment les horreurs vécues par leurs « habitants », prisonniers, gardiens et personnel qui y sont passés au cours des années.

L’endroit choisi aujourd’hui est la Old City Jail, situé à Charleston, dans l’état de la Caroline du Sud, aux États-Unis. Durant ses 137 années d’existence, cette prison avait la réputation d’être un endroit insalubre, aux conditions misérables pour les prisonniers qui avaient le malheur de s’y retrouver. Ceux qui en sont sortis portent à jamais la marque de leurs crimes, même si ceux-ci ont été expiés pendant de longues années entre les quatre murs de la prison. Certains sont décédés sans jamais avoir pu goûter l’air de liberté de l’extérieur. Selon la rumeur, d’autres demeurent éternellement coincés derrière les barreaux.

Laissez-moi vous ouvrir les portes de cette ancienne prison aux allures de château-fort pour y découvrir une histoire riche, mais aussi, ses nombreux occupants invisibles qui rendent les visites pour le moins mémorables.

Les premières années

L’histoire de la Old City Jail remonte à beaucoup plus longtemps que le bâtiment lui-même, soit 1680, alors que la ville de Charleston en est à ses balbutiements. Cependant, c’est en 1802, sur le site d’un ancien cimetière et à quelques pas d’un institut psychiatrique, qu’est construit la Old City Jail. À ce moment, elle comporte quatre étages qui sont surmontés d’une tour octogonale de deux étages.

Cependant, dû à un nombre croissant de tentatives d’évasion, le bâtiment est modifié et renforcé en 1822 par l’architecte Robert Mills, aussi responsable de l’obélisque de Washington. D’autres modifications s’effectuent en 1855, par l’intermédiaire de deux architectes de Charleston, Barbot et Boyle. Une aile octogonale s’ajoute à l’arrière du bâtiment et des agrandissements sont faits sur le bâtiment principal, en plus de détails de style néo-roman. La nouvelle aile octogonale remplace une aile ignifugée avec des cellules individuelles, conçues par Robert Mills, en 1822.

Avant la Guerre Civile américaine (1861-1865), bon nombre de marins afro-américains affranchis sont injustement emprisonnés, seulement pour être passés par la ville de Charleston. Après 1865, ce sont les soldats confédérés et les sympathisants à l’esclavage qui y sont à leur tour enfermés.

Un tremblement de terre dévastateur

Le 31 août 1886, un tremblement de terre entre 6,7 et 6,9 sur l’échelle de Richter ébranle la ville de Charleston. Lorsque les murs commencent à s’effondrer autour d’eux, les 64 prisonniers de la Old City Jail supplient les gardiens de les laisser sortir. Finalement, ils sont conduits dans la cour d’exercice par une femme condamnée, Lavinia Fisher, qui serait, selon les sources, la première femme tueuse en série des États-Unis; nous en reparlerons. Elle convainc 43 des 64 prisonniers de sauter du haut des parapets, laissant derrière 21 prisonniers. Lorsque la poussière retombe et que les débris cessent de tomber, la tour octogonale de deux étages, ainsi que le 4e étage, s’effondrent.

Des prisonniers notoires

Plusieurs prisonniers « célèbres » passent les portes de la Old City Jail. L’un d’entre eux est Denmark Vasey, un charpentier et leader afro-américain, né sur l’île de St-Thomas. En 1818, il est l’un des fondateurs de l’Église épiscopale méthodiste africaine indépendance (elle deviendra l’église épiscopale méthodiste africaine Emanuel après la guerre civile.) Son église de Charleston bénéficie du soutien du clergé blanc. Elle a aussi rapidement attiré l’attention de plus de 1848 membres.

En 1822, il planifie une révolte anti-esclavagiste majeure, qui aurait eu pour but de tuer les propriétaires d’esclaves de Charleston et de libérer tous les esclaves. Cependant, les autorités locales auraient eu vent la révolte et ont arrêté les instigateurs, dont Vasey faisait parti. Malheureusement, l’homme est emprisonné et exécuté le 2 juillet 1822.

Il y aurait aussi des prisonniers provenant du 54e régiment du Massachussetts, le seul régiment entièrement constitué de soldats afro-américains ayant participé à la Guerre Civile américaine (du côté de l’Union). Des pirates auraient été emprisonnés au cours des premières années d’ouverture de la prison.

Son nom a été mentionné plus haut, Lavinia Fisher, qui, selon les registres, a été la première femme tueuse en série des États-Unis. Née en 1793, elle épouse John Fisher au début de la vingtaine. Le couple acquiert une auberge nommée le Six Mile Inn (l’auberge se trouvait à presque 10 km – 6 miles) de la ville. La rumeur veut que Lavinia ait été une femme d’une grande beauté, ce qui lui aurait servi à séduire ses victimes. John et Lavinia auraient empoisonné leurs victimes en ajoutant du laurier-rose[1] à leur thé. Un levier situé directement dans les chambres aurait permis aux malfrats de faire tomber leurs victimes dans une pièce secrète pour être ensuite démembrés. Le couple est arrêté en 1819 après avoir été accusés du meurtre de 20 à 30 personnes (certaines sources parleraient de 120 victimes, d’autres, qu’ils n’auraient jamais tué personne!).

Sachant sa date d’exécution venir, Lavinia veut intercéder auprès du gouverneur de la Caroline du Sud, puisqu’une ancienne loi stipule qu’une femme mariée ne peut pas être exécutée. Elle se présente donc le jour de son exécution en robe de mariée, uniquement pour voir son époux John se faire pendre…Par la suite, elle monte sur l’échafaud en disant : « If you want a message you want to send to hell, give it to me, I’ll carry it. »[2] . Une fois la corde au cou, la condamnée aurait sauté elle-même, se brisant la nuque d’un seul coup.


[1] Le laurier-rose est une plante décorative très toxique qui peut provoquer des vomissements, un ralentissement du rythme cardiaque est même la mort.

[2] « S’il y a un message que vous souhaitez envoyer en enfer, donnez-le moi et je le porterai! »

Des conditions de vie exécrables

Au cours des 137 années d’opération de la Old City Jail, le nombre d’hommes d’hommes, de femmes et d’enfants qui auraient péri entre les murs serait très variable selon les sources. Certaines d’entre elles parlerait de 10 000 à 14 000 personnes qui seraient décédées durant cette période. Mais le chercheur David C. Scott aurait trouvé des registres qui chifferaient le nombre de morts à plusieurs centaines au lieu de plusieurs milliers. En dehors des personnes exécutées, les personnes seraient décédées des suites de maladies ou de blessures.

De nombreux prisonniers auraient décrit l’endroit comme étant impropre à la survie humaine et rarement entretenu. Un prisonnier de la Guerre Civile décrit la Old City Jail, comme étant « l’endroit le plus sale, le plus dégoûtant et le plus minable dans lequel j’ai vécu de toute ma vie. »[1] Il existe même une pièce dans laquelle les prisonniers étaient punis et torturés par les gardes, qui, selon les adeptes du paranormal, serait l’une des plus actives de toute la prison.


[1] https://www.youtube.com/watch?v=bcdEFos9YQQ&ab_channel=BuzzFeedUnsolvedNetwork

Fermeture imminente et reconditionnement

Peu de sources existent quant aux véritables raisons de la fermeture de la Old City Jail. Cette dernière ferme officiellement ses portes en 1939, avant le début de la Seconde Guerre Mondiale. Certains spéculent les conditions de vie de prisonniers ne s’étaient pratiquement pas améliorés et que le bâtiment lui-même se dégradait à vue d’œil.

Après sa fermeture, la Old City Jail et l’hôpital Mariners, tous deux créés par Robert Mills, ainsi que d’autres terrains deviennent la propriété de la Housing Authority de la ville de Charleston pour permettre la mise en place du projet de développement de logements publics Robert Mills Manor. Cependant, pendant les 61 années durant lesquelles elle a été la propriété de la Housing Authority, l’ancienne prison n’a pas été utilisée. Elle demeure la plus grande propriété du quartier historique de Charleston qui n’a pas été restaurée.

En 2000, l’American College of the Building Arts (ACBA) acquiert l’ancienne prison pour en faire son campus et son siège social. Inspiré par le maître artisan Philip Simmons, le collège est créé en 1998 afin de former une relève d’artisans à la préservation des bâtiments. Cette pratique est devenue nécessaire après le passage de l’ouragan Hugo sur Charleston en 1989, qui endommage de nombreux bâtiments historiques.

Au moment de l’acquisition de la Old City Jail, l’ACBA met en place un programme de stabilisation d’urgence afin de préserver les structures originales de la prison, dont la plupart sont demeurées intactes. Exécuté en plusieurs étapes sur quelques années, la tâche la plus importante est la construction de tours d’acier structurel à l’intérieur du bloc cellulaire central (la plus ancienne partie encore existante de la prison), et qui sont boulonnées aux murs environnants pour stopper la détérioration de la structure en maçonnerie.

Le collège quitte les locaux de l’ancienne prison en 2016. En décembre de la même année, la Old City Jail  est vendue à Old City Jail LLC, un partenariat contrôlé par la société immobilière Landmark Entreprises.

Des témoins de l’horreur encore bien présents

Un lieu tel que la Old City Jail a tôt fait d’attirer les adeptes de sensations fortes (puisque oui, vous pouvez le visiter), mais aussi des spécialistes du paranormal. Selon ces derniers, la vieille prison de Charleston serait l’un des lieux les plus hantés de la Caroline du Sud. Elle compte son vaste lot d’attaques paranormales, de fantômes, d’apparitions et même d’objets hantés. Laissez-moi vous présenter quelques-uns des « locataires » habitant gratuitement à la Old City Jail.

Jeremiah

Lorsque vous pensez à des fantômes ou des apparitions, les fantômes d’enfants ont tendance à être plus effrayants… Quoi de plus angoissant qu’un fantôme d’enfant dans la morgue d’une vieille prison ? Aussi, pourquoi l’enfant se trouvait-il dans une prison? Les suppositions sont nombreuses, mais aucune n’est vérifiable. Selon les rumeurs, il serait mort entre l’âge de 7 et 11 ans, du choléra. L’enfant, que les visiteurs ont appelé Jeremiah, semble occuper la morgue de la prison. Plusieurs visiteurs ont eu leur manche tirée et se sont curieusement retrouvés avec de petites pierres dans leurs poches. Il aurait aussi lancé des pierres à certains groupes de visiteurs.

La salle de torture

Selon les adeptes du paranormal qui auraient visité l’endroit, la salle de torture serait l’une des pièces les plus actives de la prison. Plusieurs visiteurs se seraient adonnés à des séances de spiritisme (Ouija) et d’autres prétendraient que la pièce serait un portail vers un univers parallèle.

Le 3e étage

Selon les visiteurs et les guides de la Old City Jail, le troisième étage serait aussi très actif. Des ouvriers de construction y auraient aperçu un garde arpentant les couloirs, son fusil sur l’épaule, pour ensuite passer à travers le mur, et ce, à plusieurs reprises. Des gens auraient entendu des entités murmurer leur nom à leur oreille, alors qu’ils étaient seuls sur l’étage. D’autres auraient ressenti une sensation d’étranglement ou une perte de souffle, sans aucune raison apparente.

Aussi, il existe une chaise roulante qui date des années 1820. Elle serait encore au même endroit où elle aurait été abandonnée il y a plusieurs décennies. La rumeur veut que l’utilisateur de ladite chaise soit décédé des suites du choléra et que son esprit serait toujours connecté à la chaise. Apparemment, il serait interdit de s’y asseoir sous peine d’être projeté par une force invisible.

Les soldats de la Guerre Civile

Il a été mentionné plus tôt que certains soldats du 54e régiment du Massachussetts, composé uniquement de soldats afro-américains, seraient encore présents dans l’ancienne prison. Lors de sessions de PVE (phénomènes de voix électroniques), certains d’entre eux auraient demandé de la morphine contre la douleur. Ces phénomènes auraient été captés dans la morgue de la prison.

Lavinia Fisher

De loin le « fantôme » le plus actif, les cris de Lavinia Fisher pourraient être entendus partout dans la prison. D’autres témoins à l’extérieur de la prison l’auraient vu se promener d’une fenêtre à l’autre. Certains ressentiraient sa présence par un incroyable frisson dans tout le corps, ou encore par trois égratignures sur la peau, qui seraient, selon la rumeur, sa « marque ». Plusieurs auraient tenté d’entrer en communication avec elle, mais sans succès. Les incidents rapportés concerneraient surtout des hommes.

Qu’en reste-t ’il aujourd’hui ?

Aujourd’hui, la Old City Jail est un projet officiel « Save America’s Treasures » du National Trust for Historic Preservation et du White House Millennium Council [citation nécessaire].

Aujourd’hui, la Old City Jail de Charleston appartient toujours à Landmark Entreprises. Cette entreprise planifie des rénovations majeures et un effort de préservation historique pour le bâtiment lui-même et la propriétaire. Plus de 70 % du stuc est endommagé et plusieurs rebords de fenêtres en granit doivent aussi être réparés. Aussi, un nouvel escalier et ascenseur doivent être ajoutés, pour notamment faciliter les visites. L’ancienne prison de Charleston fait partie d’un projet officiel nommé « Save America’s Treasures » du National Trust for Historic Preservation et du White House Millenium Council. Quelques parties de la prison jugées trop délabrées seraient interdites au public.

De nos jours, des visites de la prison sont encore organisées pour les amoureux de l’histoire américaine, mais aussi pour les amateurs de frissons désireux de « rencontrer » ceux qui arpentent encore les murs du bâtiment.

Oseriez-vous y entrer?

Sources

https://ghostcitytours.com/charleston/haunted-places/charleston-jail/

https://www.thrillist.com/travel/nation/abandoned-places-near-me-photos

https://en.wikipedia.org/wiki/Old_Charleston_Jail

https://nightlyspirits.com/the-old-charleston-jail/

https://www.charlestoncvb.com/plan-your-trip/tours-attractions~204/walking-tours~1160/charleston-haunted-jail-tour~9972.html

https://charlestonterrors.com/haunted-charleston-most-haunted-places-1-the-old-city-jail/

http://www.prisonhistory.net/prison-history/history-of-prisons/

https://www.centreantipoisons.be/nature/plantes/les-plantes-toxiques/laurier-rose-nerium-oleander

Sources vidéo

https://www.youtube.com/watch?v=bcdEFos9YQQ&ab_channel=BuzzFeedUnsolvedNetworkBuzzFeedUnsolvedNetworkValid%C3%A9